ANGRY
Découvrez les coulisses du nouveau clip des Rolling Stones
Le réalisateur François Rousselet nous raconte comment il a créé le visuel pour « Angry », la nouvelle chanson des Rolling Stones.
Pour la création de leur nouveau clip pour « Angry », le premier single de leur prochain album Hackney Diamonds, les Rolling Stones ont fait appel à François Rousselet. Celui-ci s’est inspiré du livre Rock ‘n’ Roll Billboards of the Sunset Strip (2016) du photographe Robert Landau, qui documente la prolifération des publicités pour les groupes de rock à West Hollywood entre les années 1960 et 1980. Il a puisé dans les archives des Stones et a remplacé numériquement les publicités sur les panneaux actuels du Strip, afin que des versions plus jeunes de Mick Jagger, Keith Richards et Ron Wood puissent « interpréter » la chanson pendant que l’actrice Sydney Sweeney se déhanchait et roulait devant eux dans une Mercedes décapotable rouge cerise. Mais les progrès technologiques ont compliqué les choses.
« Malheureusement, la plupart des panneaux d’affichage sont remplacés par des écrans numériques, explique-t-il à Rolling Stone. Il y avait un écran géant de Barbie qui occupait un bâtiment. C’est triste parce que cette belle époque de créativité avec les panneaux d’affichage, la façon dont les publicités ressortaient et étaient si intelligemment conçues, est révolue. Ce que vous voyez [dans la vidéo] est ce qui reste ; il y en a environ 70. »
L’idée de la vidéo est née de la demande des Rolling Stones de montrer l’évolution du groupe au fil des ans. Rousselet l’a concrétisée avec l’image de Sweeney parcourant à toute vitesse l’histoire du groupe jusqu’au présent, avec des images récentes de Jagger, Richards et Wood, qui s’apprêtent à sortir leur premier album de musique originale en 18 ans. Il y a des images de la compilation de 1981 des Stones, Sucking in the Seventies, de leur film de concert de 1974, Ladies & Gentlemen, de leur tournée de 1982, et ainsi de suite – le tout mélangé pour donner l’impression qu’ils interprètent « Angry ».
Le cinéaste avait déjà travaillé avec les Stones sur la vidéo de « Ride ‘Em on Down », une reprise de blues tirée de leur album Blue & Lonesome de 2016. Cette fois, lorsqu’on lui a demandé de proposer une vidéo pour « Angry », il a lancé le concept du panneau d’affichage. « Mick a dit : “Devrions-nous avoir le point de vue de quelqu’un ? Qui conduit ? Qui regarde ?”, se souvient Rousselet.J’ai expliqué que Robert prenait ses photos depuis le trottoir, mais que nous passerions en voiture. Tout le monde s’est dit qu’il fallait mettre les yeux de quelqu’un, quelqu’un qui passe en voiture, pour donner un peu de contexte. » Ils ont lancé plusieurs noms d’actrices et se sont arrêtés sur Sydney Sweeney, la star d’Euphoria et de White Lotus.
Sydney Sweeney était ravie d’être choisie : « J’ai paniqué, j’ai appelé ma famille et j’ai amené ma mère », a-t-elle déclaré la semaine dernière lors d’un événement de presse au Hackney Empire, dans l’est de Londres. Elle a ajouté qu’elle avait déjà tourné des vidéos, mais « rien de tel ».
Une fois leur star en place, ils se sont lancés. Rousselet a commencé à travailler sur le clip à la mi-juillet et ne l’a terminé que récemment. Il n’a eu qu’une journée pour les prises de vue avec Sweeney. « L’idée de départ était de conduire de manière décontractée, de regarder ce qui se passe, de pointer du doigt et de faire des gros plans de ses yeux réagissant aux panneaux d’affichage. Elle devait simplement être assise à l’arrière de la décapotable. Et pendant le tournage, elle a fait bien plus que cela. Elle a presque essayé d’être [un autre] membre des Stones, en chantant et même en jouant les parties de Keith. »
L’équipe avait une seule escorte policière qui l’a aidée à se frayer un chemin le long de la rue très fréquentée. Certains passants ont reconnu Sweeney et ont pris des photos, mais comme il s’agit de Los Angeles et qu’ils sont habitués à ce genre de choses, ils ont pour la plupart laissé la production tranquille, ce qui a permis à Rousselet d’obtenir rapidement les bonnes prises de vue.
Le cinéaste a tourné le clip avec une pellicule de 35 millimètres, ce qui demande plus d’efforts que la vidéo numérique, même s’ils étaient pressés. La plupart des images d’archives des Stones ont été filmées en 16 millimètres et n’auraient pas été aussi belles si elles avaient été associées à une image numérique. De plus, il affirme que la pellicule lui a permis d’obtenir une meilleure image que le numérique. « Le soleil était magnifique et la lumière du ciel était magique, explique-t-il. La nuit, alors qu’il faisait nuit noire, vous obtenez encore le ciel violet du crépuscule. Seule la pellicule permet d’obtenir cela. »
Le vrai travail est venu plus tard. Très vite, Rousselet s’est rendu compte qu’il serait difficile d’adapter les vidéos d’archives à la nouvelle chanson. L’intelligence artificielle n’étant d’aucune aide, lui et son monteur ont commencé à passer au peigne fin les anciennes paroles des Rolling Stones à la recherche de mots ou de formes de bouche qui ressemblaient aux paroles d’« Angry ». « Nous avons essayé de trouver des mots comme “angry”/“Angie” ou “pain” pour “windowpane”… un mot qui avait la même forme de bouche, explique-t-il. Je pense que Mick a eu raison de nous pousser à faire la meilleure synchronisation possible. Je sais que ce n’est pas parfait à 100 %, mais ça fait l’affaire. Et parfois, c’est très troublant de voir un jeune Mick Jagger chanter les paroles. Quant à Keith, étant moi-même un fanatique de la guitare, les accords ne sont pas bons, mais c’est le cas dans les tournages de vidéos musicales en général. »
Le montage a pris beaucoup de temps. Rousselet y travaillait encore à la fin du mois d’août. Ils voulaient présenter un mélange d’illustrations représentant des pochettes d’album, des affiches de tournée et des vidéos. Seuls deux panneaux affichent des paroles de la chanson. La maison de disques des Rolling Stones, dit-il, ne voulait pas d’une vidéo des paroles.
Ils ont également tenu à inclure des images du batteur Charlie Watts, aujourd’hui décédé, même s’il n’a pas enregistré la chanson. « La musique commence avec la batterie, explique le réalisateur. Mick a dit qu’il n’y avait pas de problème avec Charlie. Il apparaît donc dans certains plans larges et quelques gros plans. Nous voulions être fidèles à tout – au visuel, à la composition du groupe – ainsi qu’à cet album. »
Parce qu’il devait réaliser le clip si rapidement, Rousselet dit qu’il n’a pas eu beaucoup d’échos du groupe sur le produit fini, mais il sait qu’ils l’ont aimé. « Au Hackney Empire, Mick est monté sur scène et la première chose qu’il a dite a été : “Nous allons vous montrer l’album et la première de la vidéo”, raconte le réalisateur. Je pense que cette phrase signifie qu’il était heureux de montrer la vidéo à toutes les personnes présentes dans la salle. »
Your point of view caught my eye and was very interesting. Thanks. I have a question for you.