Comment créer des paroles de rap
« Parfois je me parle à moi-même pour être sûr que quelqu’un m’écoute. » Big Flo et Oli
Vous voulez être un chanteur de rap ? Vous allez probablement avoir envie d’écrire les paroles de vos chansons sur une rythmique choisie. Rohff, MC Solaar, Eminem, Akhenaton… Tous ces rappeurs écrivent des paroles de chansons. Parce que le rap, c’est aussi raconter son histoire.
Découvrez nos conseils pour écrire des chansons de rap percutantes !
Ecrire un rap en mesure : les bases
Commençons par les bases. On dit souvent écrire un 16 mesures quand on parle d’écrire de nouvelles chansons. 16 mesures équivalent à un couplet rap.
Une mesure est une unité de temps. Dans l’univers du rap hip hop, une mesure est composée elle-même de quatre temps. Les temps sont marqués par une pulsation : le bruit de la caisse claire tchak ou le bruit de la grosse caisse poum.
Ecrire un 16 mesures, c’est écrire 16 fois une mesure de 4 temps donc 64 temps. Plus le tempo est élevé, plus les temps seront courts. Le format classique d’une chanson à texte (chanson française ou anglo-saxonne), c’est 16 mesures, un refrain, 16 mesures, un refrain… Mais vous pouvez aussi ne faire que des couplets et oublier le refrain de la chanson.
1ère étape : trouver une instrumentation
Avant d’écrire, nous vous recommandons de trouver une instrumentation qui vous convient. Elle doit vous inspirer, vous procurer une émotion et vous donner des idées. Vous pouvez en trouver sur le site virtual-beat.com par exemple.
Vous pouvez ensuite imaginer un flow en yaourt. Ce sera plus simple d’écrire les paroles après avoir défini le flow à suivre.
2e étape : brainstorming et choix du thème
Trouver le thème de votre chanson commence par un exercice d’écriture. Ecrivez tout ce qui vous passe par la tête et ce que vous inspire le beat. Vous pouvez commencer par trouver le thème et écrire dessus. Ou écrire vos idées et trouver le thème ensuite.
Choisissez plutôt un thème large comme l’amour, le souvenir, l’amitié, l’environnement, la colère…
N’essayez pas de trouver un thème original. L’originalité en cours de chant ne se trouve pas dans le thème mais dans l’angle que vous allez adopter pour en parler. Une thématique commune donnera deux morceaux radicalement différents en fonction de la personne qui écrit les paroles de la chanson.
3e étape : rédiger une chanson comme un scénario
Vous avez peut-être déjà eu de l’inspiration pour écrire tout un premier couplet sans problème mais dès qu’il faut passer au second couplet, vous ne savez plus quoi dire.
Le plan de votre chanson
La solution : imaginez votre chanson comme une histoire de manière scolaire, un scénario avec une progression (intro, développement et conclusion) :
- 1er couplet : description de la situation
- 2e couplet : actions
- 3e couplet : retournement de situation
- 4e couplet : dénouement
Votre chanson doit avoir une suite logique pour garder votre audience attentive à ce que vous dites.
Envoyez du lourd dès le début pour capter l’attention des gens :
- Vous pouvez commencer par une punchline
- Donnez l’impression d’un flow rapide : allitérations en [t], [d], [b]…
- Utilisez un jeu de mots drôle…
Le refrain
Le refrain n’est pas obligatoire mais si vous voulez plaire à un maximum de personnes, le refrain vous sera utile :
- Restez cohérent avec vos couplets : le refrain doit résumer vos couplets
- Démarquez-vous de vos couplets et du reste de votre texte : faites des mesures courtes si vos couplets sont écrits sur des mesures longues, misez sur les figures de style comme allitérations et assonances pour donner du rythme, posez votre refrain d’une façon inédite. Vous pouvez chanter ou changer le rythme…
- Analysez les refrains qui vous ont marqué dans n’importe quel style de musique. Qu’est-ce qui fait que vous avez aimé ce refrain, que vous l’avez mémorisé ?
Conseil d’écriture créative : démarrez l’écriture par le refrain si vous en avez un !
4e étape : trouver des punchlines
Une punchline est une phrase choc ! Il n’est pas toujours facile d’en trouver alors voici quelques conseils :
- Sachez quel message vous voulez faire passer
- Jouez avec les mots : écrivez le champ lexical du thème abordé, jouer aussi avec les sons ou la structure d’un mot. Exemple : détracteur, d’être acteur, des tracteurs
- Pensez à l’humour
- Gardez un cahier de rimes (ou votre téléphone) sur vous et prêtez attention à ce que raconte votre entourage : c’est en écoutant les gens parler que vous pourrez entendre des punchlines exploitables. Des expressions de votre grand-mère, un vire-langue, un mot mal prononcé par votre petit frère. Les bonnes idées viennent rarement quand vous êtes face à votre feuille ou votre ordinateur, alors n’hésitez pas à écrire dès qu’une idée vous vient !
Réfléchissez à la manière dont vous souhaitez déclamer votre texte !
- Allégorie : une image qui représente une idée abstraite pour la rendre plus concrète. Par exemple : « Seul au milieu du passage piéton, la faucheuse me fait des appels de phares » Lomepal – Bécane.
- Allitération : répétition d’un son consonne pour appuyer un propos comme le son [s] ou [t]
- Anaphore : répétition d’un ou plusieurs mots en début de phrase pour renforcer une idée ou faire un effet de symétrie. Par exemple : « Un peu d’oseille, un peu de toi. Un peu de haine, un peu de joie. Un peu de elle, un peu de moi. Un peu de peine, un peu d’émoi » Dinos – Spleen.
- Assonance : la répétition d’un son voyelle comme [o], [a] ou [i] pour appuyer un propos
- Comparaison : mise en relation de deux éléments à l’aide de « comme » généralement pour les rapprocher. Par exemple : « On est jeune, prêt à brûler comme une rose fanée, briller fallait, la passion s’fait détailler dans des paquets cellophanés » Ash Kidd – 105
- Enumération : on dénombre plusieurs éléments, séparés uniquement par des virgules pour amplifier l’expression d’une idée. Par exemple : « Je suis : un rendez-vous, un hasard, un match de foot, un mariage. Une manif’, un anniv’, une accolade, une bagarre » Bigflo et Oli – Je suis
- Euphémisme : atténuer des choses déplaisantes la plupart du temps pour adoucir la vérité ou éviter la vulgarité. Par exemple : « Je parle du quotidien, écoute bien, mes phrases ne font pas rire » Shurik’n – Demain c’est loin
- Gradation : énumération d’éléments avec une progression croissante ou décroissante pour amplifier une idée. Par exemple : « Ma main passant dans tes cheveux, j’y passerais bien la nuit, la journée, même la vie » Ash Kidd – Motel
- Hyperbole : exagération d’une idée pour caricaturer ou exprimer un sentiment extrême. Par exemple : « On dit qu’on arrive à 6, on débarque à 26 000 » 2zer – Entêté
- Litote : on atténue la vérité pour renforcer l’information. Par exemple : « On pense à nos potes pas morts de vieillesse » Oxmo – J’ai mal au mic.
- Métaphore : c’est une comparaison mais sans outil de comparaison. Par exemple : « Les politiques sont des prédateurs qui sèment la peur » Keny Arkana – Victoria
- Métonymie : on remplace un concept par un autre lié au premier de manière sous-entendu. Ce sont généralement des expressions courantes. Par exemple : « Dans cette course aux billets roses, j’ai vu mourir mes héros » Diam’s – Enfants du désert
- Néologisme : terme inventé de toute pièce pour surprendre et marquer les auditeurs. Par exemple : « Le monde entier se fait Daeshiser » Damso – Bruxelles Vie
- Oxymore : deux mots se suivent mais sont opposés pour créer un effet de surprise. Par exemple : « Éclairés par l’obscure clarté de l’espoir » NTM – Qui paiera les dégâts ?
- Personnification : on attribue des propriétés humaines ou animales à des concepts ou des objets pour rendre une idée plus compréhensible. Par exemple : « Si l’oubli te tend ses bras » Soprano – Accroche toi à mes ailes
- Synecdoque : donner un sens plus large ou plus restreint à un terme pour imager une idée. Par exemple : « C’est à Fleury qu’on fane » Booba – Soldats. La ville de Fleury prend ici le sens de « fleuri » du verbe fleurir.
Les punchlines sont pas obligatoires mais elles peuvent amener plus d’impact à un son. Utiliser les punchlines ne se fait pas uniquement dans l’egotrip pour rabaisser d’autres personnes. Pensez à votre message !
Pour écrire des couplets impactants, placez la punchline au début ou à la fin. Selon le rappeur français Lino, on ne doit pas abuser des punchlines, c’est comme la droite dans la boxe. Pour Keri James, quatre punchlines dans un couplet suffisent pour le rendre efficace.
5e étape : mettre en rime
Les rimes sont souvent placées en fin de mesures que vous fassiez du rap conscient, de l’afro trap ou du hardcore. Mais n’hésitez pas à mettre des rimes internes. Après avoir rédigé votre texte et trouver des punchlines, pensez aux rimes de votre chanson.
Voici les différents types de rimes :
- Les rimes pauvres : uniquement à base d’une voyelle, à utiliser avec modération (midi et permis par exemple). Dans ces rimes pauvres, il y a la rime facile en « é » à utiliser le moins souvent possible
- Les rimes suffisantes : une voyelle et une consonne (canal et bancal par exemple)
- Les rimes riches : composées d’au moins trois phonèmes (courir et couvrir, analyse et psychanalyse
- Les rimes multi-syllabiques : reprise de plusieurs syllabes (karaté et qu’a raté).
Il y a ensuite différentes façons de placer les rimes :
- La rime plate : A-A-B-B
- La rime croisée : A-B-A-B
- La rime embrassée : A-B-B-A
- La rime redoublée : A-A-A-B
N’hésitez pas à utiliser un dictionnaire de rimes pour vous aider !
N’oubliez pas, pour écrire un texte et créer une chanson de rap, il faut être sincère, être capable de se livrer et avoir conscience que vos sentiments sont universels (il y a forcément quelqu’un qui va s’y retrouver). Et surtout soyez persévérant ! Vos textes de rap seront nuls au début, il va falloir travailler, faire et refaire, tester et se renouveler selon le principe du test & learn. Mais vous pouvez le faire, on croit en vous !
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