Les secrets pour jouer de la guitare en groupe

 
Jouer en groupe offre des sensations et un plaisir qu’il est difficile d’égaler lorsque l’on joue tout seul ou avec des accompagnements préenregistrés.
Mais lorsqu’on a peu d’expérience dans le jeu en groupe, voire que l’on n’a jamais joué avec d’autres musiciens, il n’est pas évident de trouver ses marques et de faire sa place au sein du groupe.
Nous allons, dans cet article, étudier 7 points importants qui vous permettront de créer une cohésion musicale avec les musiciens de votre groupe.

1. Soigner l’accordage

Ce premier point peut sembler évident, mais il est si fréquent d’entendre des groupes qui ne sont pas accordés entre eux, qu’il me semble important d’insister là-dessus.

Faire en sorte que sa guitare soit toujours parfaitement accordée est très important pour habituer votre oreille à entendre des notes justes et des accords harmonieux.

Mais lorsque l’on joue en groupe, ce principe va se multiplier par le nombre de musiciens présents.
En effet, si le guitariste ne respecte pas l’accordage du pianiste, et que le bassiste n’est lui-même pas accordé comme le guitariste, on se retrouve dans une sorte de cacophonie où il est difficile de savoir qui joue juste et qui joue faux.
Le résultat, c’est que l’ensemble est désagréable à écouter, même pour des auditeurs qui ne sont ni musiciens, ni spécialement mélomanes.

Faites en sorte d’utiliser un accordeur électronique et de vérifier votre accordage régulièrement, idéalement entre chaque morceau, pour être sûr que le morceau suivant sonnera de manière harmonieuse.

Si vous faites le choix de vous accorder d’oreille, choisissez un instrument de référence sur lequel vous allez calibrer votre écoute.
Par exemple, si votre groupe comporte un pianiste, mieux vaut s’accorder sur lui, sachant qu’un piano numérique sera déjà bien accordé et qu’un piano acoustique serait difficile à accorder en 2 minutes contrairement à une guitare.

2. Respecter un tempo externe

Lorsque vous jouez de la guitare tout seul, vous suivez le tempo qui défile sans votre tête. C’est ce que j’appellerai le tempo interne.
En jouant tout seul, on prend souvent l’habitude de se concentrer sur ce que l’on joue, sur ses difficultés techniques et/ou rythmiques.
Du coup, vous avez peut-être tendance à accélérer sur les passages les plus faciles ou à ralentir sur les difficultés.
Or, il n’est pas facile de prendre du recul sur ce que l’on joue pendant que l’on est en train de jouer, donc votre tempo interne peut fluctuer sans que vous ne vous en aperceviez.

En groupe, le principe est différent.
Vous n’aurez plus la possibilité de vous baser uniquement sur votre tempo interne… vous allez être confronté à un tempo externe.

Ce tempo, c’est la référence que vont devoir suivre tous les musiciens du groupe afin de créer une cohérence musicale.

Il faut que tous les musiciens décident d’un commun accord qui va déterminer le tempo, et de suivre toujours ce même guide.
Dans la plupart des groupes, on choisit généralement le batteur ou le percussionniste du groupe, ou parfois même par une boîte à rythme ou un métronome.

C’est ce qui se passe dans un orchestre symphonique où une centaine de musiciens doivent jouer au même tempo.
S’il n’y avait pas de chef d’orchestre pour indiquer ce tempo, on se retrouverait avec 100 musiciens qui jouent chacun en suivant son tempo interne, ce qui créerait un magnifique vacarme !

Choisissez donc qui va indiquer le tempo aux autres, et concentrez-vous sur ce qu’il joue pour parvenir à vous caler sur son tempo.

3. Comprendre et respecter le rôle de chaque instrument

Jouer de la guitare seul offre une sacré liberté au guitariste, qui peut apporter un coté percussif dans son jeu, jouer les basses de tous les accords, utiliser le son qu’il veut.

Mais dès que l’on va vouloir interagir avec d’autres musiciens, on ne pourra plus s’octroyer les mêmes libertés.
Pour créer un ensemble cohérent et musical, il va falloir que chacun trouve sa place pour apporter sa contribution à l’édifice, sans empiéter sur la place des autres.

Le rôle du batteur par exemple va être d’apporter un jeu percussif afin de donner un impact rythmique au morceau, et comme indiqué précédemment, c’est souvent lui qui va service de tempo de référence pour les autres musiciens.
Il s’agit donc de respecter le rôle du batteur et de faire en sorte de se caler sur lui rythmiquement.

Le bassiste, quant à lui, a pour rôle d’imposer les basses des accords et d’apporter une certaine rondeur sonore à l’ensemble.
Ainsi, rien ne sert de vouloir jouer à tout prix les basses à la guitare, ça ne fera qu’embrouiller le morceau et le bassiste aura quand même le dernier mot.
Au contraire, mieux vaut profiter de la liberté apportée par le fait de ne plus avoir à jouer les basses.
C’est l’occasion idéale pour enrichir vos parties rythmiques ou développer des mélodies.

Le pianiste aura un rôle assez proche de celui du guitariste. Il fait également partie des instruments harmoniques (c’est-à-dire capable de jouer des accords) et joue à peu près dans les mêmes fréquences.
Ainsi, il va être utile de définir les rôles de chacun afin que les 2 instruments ne soient pas en compétition mais se complètent de manière harmonieuse.

Le chant, le saxophone ou  le violon sont souvent, dans ce contexte de groupe, des instruments plutôt mélodiques.
Le but à la guitare est donc de tout faire pour mettre en valeur ces mélodies.
Il ne sera donc pas judicieux pour le guitariste de se lancer dans un solo de guitare pendant la mélodie du chanteur par exemple.

Les rôles des instruments vont déterminer ce que chacun pourra jouer de manière à créer une complémentarité entre eux.

Parvenir à déterminer son rôle ne se fait pas en un jour et demande une certaine expérience et pas mal de tentatives pour aboutir à la solution idéale.
Mais il est important de se poser les bonnes questions dès le début si vous voulez pouvoir progresser rapidement.

4. Trouver une cohésion rythmique

Jouer avec une machine (une boîte à rythme, un ordinateur) ne présente pas de surprises rythmiquement.
Une fois le tempo déterminé, la machine va invariablement jouer chaque note au bon moment sans la moindre faiblesse ou la moindre hésitation.

Les choses sont différentes avec de vrais musiciens.
D’une part, même le meilleur musicien du monde sera incapable d’atteindre la même précision qu’une machine. Il jouera toujours une note un tout petit peu avant le bon moment ou un tout petit peu après.

Et d’autre part, le musicien peut délibérément décider de jouer légèrement en retard ou en avance pour apporter un coté vivant, un coté humain à son interprétation.

Lorsqu’un musicien interprète le morceau avec un très léger retard, on appelle ça « jouer derrière le temps ».
S’il joue le morceau avec une légère avance, on dira qu’« il joue devant le temps ».

C’est parfois le résultat d’un manque de précision rythmique d’un musicien, mais souvent c’est un choix délibéré pour donner une sensation plus posée ou au contraire plus sautillante au morceau.

Dans ce cas là, c’est ce qui va faire que le morceau sera moins mécanique, plus authentique par opposition à une machine qui jouerait toujours sur le temps.

Dans un groupe, cependant, si chacun commence à interpréter le morceau en sa façon sans tenir compte de l’interprétation des autres, on va aboutir à un morceau qui aura perdu son efficacité.

Si le batteur a tendance à instaurer un léger retard rythmique et que le guitariste a tendance à être en avance, le morceau fonctionnera difficilement.

Il est donc important de parvenir à percevoir l’interprétation rythmique des autres musiciens et d’en discuter pour parvenir à une entente qui rendra le morceau dynamique et efficace.

5. Trouver une cohésion d’intensité

Il en est de même en ce qui concerne l’intensité de l’interprétation de chaque musicien.
Si le guitariste se met à jouer en douceur et en finesse tandis que le batteur commence à monter en intensité et jouer de plus en plus fort, le résultat ne sera pas très cohérent.

L’un des intérêts majeurs du fait de jouer en groupe est justement la possibilité de faire évoluer l’intensité d’un morceau en créant une parfaite cohésion dans les intentions des musiciens.

En jouant avec une bande-son ou une boîte à rythmes, vous n’aurez aucune surprise. Les passages les plus intenses comme les plus calmes du morceau se produiront invariablement au même moment.

En groupe, il suffit que l’un des musiciens commence à adoucir ou à intensifier son interprétation pour que les autres en fassent de même, créant ainsi une interaction vivante et intéressante.

Pour parvenir à ce résultat, il faut donc que chaque musicien soit réactif et à l’écoute des autres.

6. Rebondir sur les propositions des autres musiciens

Cette capacité d’interaction dans le groupe permet même d’aller au-delà de simples variations d’intensité.

Dans un groupe dont les membres se connaissent bien musicalement et ont l’habitude d’interagir, il sera possible de totalement transformer un morceau jusqu’à ce qu’il n’ait plus rien à voir avec celui d’origine.

C’est ce qui se produit souvent dans les « bœufs ».
Un musicien commence à jouer un accord, tous les autres le suivent, jusqu’au moment où l’un d’eux proposera une mélodie, un nouvel accord ou un nouveau rythme auquel les autres vont immédiatement s’adapter.

Encore une fois, ça demande d’être très à l’écoute des autres musiciens pour pouvoir réagir au bon moment et créer un ensemble musical cohérent.

Ce genre de compétences ne s’acquiert pas en 1 jour, mais si vous faites l’effort, à chaque fois que vous jouez avec d’autres musiciens, de développer cette écoute et cette interaction, vous progresserez rapidement jusqu’à ce que cette adaptation se fasse de manière instinctive.

7. Trouver le son qui s’intègre dans le mix

Choisir un son de guitare lorsque l’on joue en groupe est très différent du choix que l’on peut faire en jouant seul.

Lorsque l’on joue de la guitare seul, le seul impératif et d’utiliser un son qui nous plaise et qui flatte l’oreille.

En groupe, ce n’est pas le son de guitare qui doit flatter l’oreille, c’est le son global du groupe.

Ainsi, un bon son de guitare couplé avec un bon son de basse et un bon son de batterie ne donnera pas forcément un bon son de groupe.

Si le son de guitare comporte trop de fréquences graves, il va empiéter sur les fréquences de la basse, ce qui rendra l’ensemble brouillon et moins efficace.
Même chose pour les fréquences du piano, il va falloir que le piano et la guitare jouent sur des notes ou des plages de fréquences différentes afin de ne pas entrer en conflit.

Lorsque l’on joue sur scène avec un système de sonorisation, c’est généralement l’ingénieur du son qui se charge d’ajuster la sonorité de chaque instrument pour qu’ils s’imbriquent de la manière la plus efficace.

Mais lorsque l’on joue sans sonorisation ou dans un contexte de répétition, c’est à chaque musicien de savoir ajuster la sonorité de son instrument pour créer une complémentarité avec les autres.

Apprendre à régler un son de guitare peut demander pas mal d’expérience, mais il existe quelques règles fondamentales :

  • C’est la basse qui est sensée couvrir les fréquences graves. A la guitare, il faut donc veiller à ne pas mettre trop de basses dans le son afin de ne pas interférer avec le bassiste.
  • Il est important de bien entendre votre son de guitare pour jouer, mais le but n’est pas que celle-ci soit omniprésente et prenne le dessus sur les autres instruments.
    Attention donc à ne pas exagérer le volume sonore.
    Le but est de créer un équilibre sonore proche de celui que vous aimeriez entendre si vous ne jouiez pas et que vous faisiez partie du public.
  • Parfois, le son de la guitare est noyé derrière les autres instruments. Le premier réflexe consisterait à en augmenter le volume, mais on retomberait dans le problème cité précédemment.
    Une solution plus efficace serait de légèrement augmenter les fréquences aigües ou les hauts-médiums (si l’instrument et/ou l’ampli le permettent) de manière à ce que le son de guitare ressorte de lui-même, à volume sonore équivalent.

Conclusion

Même en séparant cet article en 2 parties, il était impossible d’être exhaustif sur le sujet.

Ces 7 points vous serviront donc de point de départ pour développer votre capacité de jouer de la guitare en groupe.

Jouer en groupe est une activité passionnante et très enrichissante musicalement, mais cela demande de se poser les bonnes questions est d’être toujours à l’écoute des autres musiciens pour créer un ensemble cohérent et musical.

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