Biographie courte de Claude Nougaro. Dès sa naissance en 1929, Claude Nougaro baigne dans la musique. Passionné de jazz, Claude Nougaro se fait connaître par ses chansons, notamment ToulouseTu verras et Armstrong. Claude Nougaro est né le 9 septembre 1929 à Toulouse, d’une mère professeur de piano et d’un père baryton à l’opéra de Paris. Dès sa naissance, il grandit dans le milieu musical. Ses parents étant souvent en tournée, Claude Nougaro est élevé par ses grands-parents. A l’âge de 12 ans, il écoute déjà Edith PiafGlenn Miller ou encore Louis Armstrong.

Après avoir échoué au baccalauréat, il se lance dans le journalisme et travaille pour un journal à Vichy. Il écrit également des chansons pour les artistes du moment, notamment pour Georges Brassens, qui le dirige vers la poésie romantique et humoristique. Le jeune homme connaît un véritable déclic, et c’est avec entrain qu’il débute sa carrière dans la chanson.

Ses débuts dans la chanson 

En 1954, Claude Nougaro fait ses débuts dans la chanson en se produisant dans un petit cabaret parisien, le Lapin agile, où il lit ses poèmes et expérimente les mises en musique de ses textes. C’est en 1962 que Claude Nougaro connaît le succès avec deux titres incontournables : Une petite fille et Cécile, ma fille. Il fait les premières parties des concerts de Dalida. Il continue sa route et fait des connaissances décisives pour la suite, comme Maurice Vander, un pianiste de jazz qui le suivra jusqu’au bout. 

ToulouseTu verrasArmstrong : révélateurs de son génie 

ToulouseLe jazz et la javaTu verrasArmstrong sont autant de titres qui révèlent le génie et le talent de cet homme discret. Le jazz et les sonorités africaines font partie intégrante de ses compositions toujours poussées et soignées dans les moindres détails. Au début des années 1960, Claude Nougaro se produit dans des salles prestigieuses : l’Olympia, le Palais d’Hiver de Lyon, ou le Palais des Congrès. La carrière de Claude Nougaro ne connaît pas de moments d’essoufflement. Ce n’est qu’en 1995, quand son état de santé se dégrade, qu’il se tourne vers l’écriture d’un album plus personnel et radicalement différent, Les fables de ma fontaine.

 

Nougayork, l’album de la consécration pour Nougaro 

Claude Nougaro part pour New York en quête d’inspiration. Sur place, il écrit et enregistre l’album Nougayork, sorti en 1987. Sa chanson Nougayork est l’un de ses plus grands hits. Ce succès relance sa carrière. L’année suivante, le chanteur obtient la Victoire du meilleur album aux Victoires de la musique.

Claude Nougaro, discret sur sa vie privée

A côté de sa carrière prolifique, Claude Nougaro a toujours été relativement discret sur sa vie privée. En 1955, alors qu’il fait ses débuts au cabaret du Lapin agile, sur la butte Montmartre à Paris, il fait la connaissance de Sylvie, l’un des hôtesses de l’établissement. De leur union naîtra, le 30 mai 1962, la désormais célèbre Cécile, à qui Claude Nougaro a dédié la chanson Cécile ma fille. Le chanteur aura au total quatre enfants de trois unions, Fanny et Théa avec Odette, Pablo avec Marcia, avant de rencontrer sa dernière femme,  Hélène, sa nouvelle femme. « Hélène est pour moi le grand amour de ma vie. Jusqu’à présent, j’avais rencontré les femmes de ma vie, avec elle j’ai enfin rencontré la femme de ma mort », confiait-il à Stéphane Deschamps dans A fleur de mots.

Mort de Claude Nougaro 

Après des mois de lutte contre un cancer du pancréas et plusieurs interventions chirurgicales, Claude Nougaro s’est éteint le 4 mars 2004 dans son domicile, à Paris. Le chanteur avait 74 ans et était hospitalisé à Paris depuis quelques semaines, avant de regagner son domiciles pour ses derniers jours. Une messe a été célébrée à Notre-Dame de Paris le lundi 8 mars 2004, en l’honneur de cet immense interprète, dont les cendres seront dispersées dans le ciel de Toulouse.

Hommages et récompenses

En 2004, Les Chevaliers du fiel lui consacrent un sketch en hommage. Un album sort en 2009 composé de 16 reprises du chanteur, enregistré par Maurane. En 1988, Claude Nougaro reçoit le prix de l’artiste interprète masculin de l’année et celui du meilleur album pour Nougayork aux Victoires de la musique. La ville de Toulouse lui rend hommage et baptise un jardin, un collège, une esplanade, une salle de concert et une station de métro en son nom. Claude Nougaro reste aujourd’hui une référence dans le monde de la musique et de la poés

Le « Petit Taureau », comme on l’appelle affectueusement, avait deux passions : le jazz et Toulouse, sa ville natale. Du jazz à la java, l’auteur « Nougayork » était un artiste complet à la voix puissante, héritée de son papa baryton. Pionnier de la world music, avec ses influences brésiliennes précoces, il reste éternellement un chanteur curieux et ouvert sur la création.  

Biographie: 

Apparu dans les années 1960 sur le devant de la scène française, Claude Nougaro malgré un parcours parfois difficile, est devenu désormais un grand maître incontesté des mots et de la musique.  

L’artiste est né à Toulouse dans le sud de la France, le 9 septembre 1929. Son père Pierre Nougaro est chanteur baryton. Sa mère Liette, pianiste et professeur. D’où une vie de tournées incessantes qui les obligent à confier Claude à ses grand-parents. Il passe une partie de son enfance dans le quartier populaire des Minimes où il côtoie les exilés de la guerre d’Espagne. En 1939, la Seconde Guerre mondiale éclate et la vie est encore plus difficile.

Dès son plus jeune âge, il écoute avec attention la TSF, à travers laquelle il découvre Édith Piaf et Charles Trenet, mais aussi le blues de Bessie Smith et le jazz scintillant de Glenn Miller. Son environnement musical est aussi enrichi par l’héritage parental : Massenet, Rossini, Verdi ou Bizet sont les compositeurs qui marquent son enfance.

Chaotique

Son adolescence se passe de façon un peu chaotique. Il est bringuebalé de collège en collège, de renvois en fugues. L’échec au baccalauréat est le point final de son parcours scolaire. 

En 1947, Claude Nougaro s’essaie au journalisme et tente de survivre en signant quelques piges au « Journal des Curistes » à Vichy ou à « l’Écho d’Alger » en Algérie. Puis en 1950, débarrassé de ses obligations militaires, il vient à Paris où ses parents se sont finalement installés. Mais il se sent seul et désemparé. Il commence à écrire des poèmes.

En 1952, il rencontre le grand poète Audiberti qui devient à partir de ce moment-là un grand ami. À cette même époque, il croise également Brassens et Mouloudji. Il écrit aussi des textes pour Marcel Amont (« Le Balayeur du roi ») et Philippe Clay (« Joseph »). 

En 1955, l’artiste parvient à vaincre sa timidité et ose chanter ses premières chansons sur la scène du Lapin Agile, cabaret parisien situé sur la butte Montmartre. Il y crée en 1958, « Il y avait une ville » qui est le premier titre de son premier enregistrement. Un 33 tours 25 cm de neuf chansons est gravé en 1959. Mais le succès n’est pas pour tout de suite, même si Nougaro fait le lever de rideau de Dalida le temps d’une tournée.

Une autre rencontre déterminante va accélérer les événements, celle du jeune pianiste et compositeur Michel Legrand, avec qui il enregistre un nouveau disque pour la firme Philips. Très influencés tous deux par le jazz, la couleur est donnée. « Une petite fille » est donc en 1962 le premier succès discographique de Claude Nougaro. Les critiques sont dithyrambiques.

Cette année-là, il épouse aussi Sylvie rencontrée au Lapin Agile. Elle lui donne une fille, Cécile. Il rencontre aussi Édith Piaf à qui il rendra plus tard un bel hommage avec « Comme une Piaf ».

L’année 1963 confirme son succès. On entend partout « Cécile ma fille », extrait du troisième 45 tours paru en avril. Malheureusement, un accident de voiture immobilise le chanteur pendant plusieurs mois, et c’est sur des béquilles qu’il affronte le public de l’Olympia.

Brésil

En 1964, il rencontre le guitariste brésilien Baden Powell et sur le morceau « Berimbau », il va écrire « Bidonville ». Le Brésil, devenu patrie de cœur, lui inspirera plus tard, « Brésilien » (en 1975) ou le célèbre « Tu verras » (en 1978), reprise d’une chanson de Chico Buarque.

Toujours fidèle à sa musique de prédilection qu’est le jazz, Nougaro écrit en 1965 « À bout de souffle » inspiré de « Blue rondo à la turk » de Dave Brubeck. C’est à cette période que se constitue sa famille musicale avec l’organiste Eddy Louiss et le pianiste Maurice Vander, que l’on retrouve tout au long de la carrière du chanteur.

En juillet, Audiberti meurt alors que Claude Nougaro est en tournée sur la Côte d’Azur. Le chanteur l’avait hébergé durant un an. Sa peine est immense. En hommage, il écrit et enregistre aussitôt « Chanson pour le maçon ».

Puis viennent « Armstrong », arrangé par Maurice Vander et « Sing Sing Song » d’après un morceau de Nat Adderley. En 1966 et 1967 il écrit et compose respectivement « L’Amour sorcier » et « Toulouse ». En 1968, c’est « Paris Mai », titre inspiré des évènements socio-politiques. Il obtient la consécration en passant deux semaines à l’Olympia en mai. Il enregistre à cette occasion son premier disque live « Une soirée avec Claude Nougaro ».

En 1971, il chante trois semaines à Bobino et autant au Théâtre de la Ville en 1973, toujours à guichets fermés. Durant cette période, il élabore de grandes chansons comme « Soeur âme », « Locomotive d’or » ou « Victor », accompagné d’un montage audiovisuel. Puis ce sera « Montparis », évocation politique de la capitale française.  

En 1974, il crée les éditions du Chiffre Neuf, dorénavant propriétaire de tous ses textes et mélodies à partir de cette date. À l’automne, il investit l’Olympia durant cinq semaines en compagnie du guitariste brésilien Baden Powell avec lequel il va tourner en 1975, puis avec Tania Maria, autre artiste brésilienne en 1976 et enfin avec le duo des Étoiles.

Jazz

Claude Nougaro propose aussi en 1976, un nouvel album, « Femmes et famine », son premier disque chez Barclay. En février de l’année suivante, il crée à l’Olympia « Victor » et « Plume d’Ange » avec Maurice Vander et d’autres musiciens, spectacle complété par des projections de diapositives à partir de toiles du jeune peintre Daniel Estrade qu’il a pris sous son aile depuis 1972.  

Le Prix Spécial de la chanson française de l’Académie du disque lui est décerné en 1978 pour « Tu verras ». Inlassable, il triomphe à nouveau à l’Olympia en 1979, puis part en tournée. Sur sa lancée, il sort un nouvel album, « Assez ». En 1980, Maurice Vander va former son propre groupe comme Eddy Louiss l’avait fait quelque temps auparavant. Le chanteur recrute alors de nouveaux talents toujours issus du jazz : l’accordéoniste Richard Galliano et le batteur italien Aldo Romano, etc. C’est le début d’une grande formation. En 1981, il sort un album intitulé « Chansons nettes », puis début 1982, il tente une nouvelle expérience en se produisant dans un célèbre club de jazz parisien, le New Morning. Cela ne l’empêche pas de partir en tournée pendant environ trois ans en passant par Paris en 1983, pour dix jours au Palais des Sports à guichets fermés.

Au printemps 1984, c’est l’apparition d’une nouvelle formation plus petite et moins électrique, avec le retour de Maurice Vander et l’arrivée de Pierre Michelot à la contrebasse et Bernard Lubat à la batterie. Au cours de cette période de mutation, il y a aussi la rencontre déterminante avec Hélène qui sera sa troisième épouse et dont il dit que c’est « la femme de sa mort ».

Deux albums « Bleu Blanc Blues » en 1985 et « Nougaro sur scène » en 1986, plus de 300 concerts avec son trio pourraient laisser penser que tout va bien pour l’artiste. Pourtant, le chiffre de vente de ses disques est jugé insuffisant par sa maison de disques Barclay qui décide de se séparer de lui.  

Rock

Cette rupture constitue un véritable électrochoc pour Claude Nougaro. Il décide de vendre son appartement parisien et part à New York pour tenter de trouver une nouvelle voie. Il rencontre un jeune surdoué des claviers, Philippe Saisse. Ensemble, ils vont sortir « Nougayork », album mâtiné de funk et de rock qui propulsera Nougaro dans une nouvelle ère.

Disque d’or avant même sa sortie puisque 100 000 exemplaires sont précommandés par les disquaires, la chanson qui lui donne son titre est un grand succès. Cet album lui permet de toucher un public beaucoup plus jeune. Dans la foulée, il sort un autre album américain « Pacifique », un peu moins abouti que le précédent, mais qui renferme quand même le tube « Vive l’Alexandrin ».

Fort de son nouveau succès, il décroche même les Victoires de la Musique du meilleur artiste et du meilleur album pour l’année 1988. Après un Olympia en février 1989, il se produit dans la grande salle du Zénith (6000 places) en avril et part en tournée avec une formation américaine.

Puis c’est le retour aux sources avec Maurice Vander, formule voix et accompagnement d’un piano solo. En 1991, sort chez Philips le disque « Une voix Dix doigts ». L’année suivante, c’est l’Olympia pour trois semaines de concerts puis une tournée de 220 dates. 

Après cette parenthèse intimiste, Claude Nougaro sort un nouvel album en 1993, »Chansongs » pour lequel il s’est assuré les services de musiciens hors pairs : Maurice Vander évidemment, le violoniste Didier Lockwood, Richard Galliano ou le Zaïrois Ray Lema. Entre rap et jazz, musique irlandaise et tango, Claude Nougaro propose un tour du monde musical qui finalement, donne une nouvelle couleur à ses chansons.

Swing

En avril 1994, il se marie avec sa compagne Hélène et retourne à l’Olympia en novembre.

Après une grave opération du coeur en avril 1995 et un long repos dans sa maison du sud de la France, il doit cesser toute activité. Il revient en 1997 à l’âge de 68 ans avec un nouveau disque « L’Enfant phare », une chanson-titre que lui a inspiré la fanfare dirigée par son ami Eddy Louiss. Toujours aussi « swing », Claude Nougaro compose une musique pleine d’énergie et écrit des paroles où les mots se jouent les uns des autres. Il est un « motsicien » comme lui-même se définit.

Pendant plus de deux semaines du 1er au 19 octobre 1997, il se produit sur la scène du Casino de Paris. Ses problèmes de santé n’ont en aucun cas ôté sa jeunesse et son enthousiasme au chanteur. Entouré d’une formation d’excellents musiciens dont le fidèle Maurice Vander au piano et quelques jeunes issus du groupe de Didier Lockwood, Nougaro habille une nouvelle fois son répertoire d’un jazz élégant entre swing et douceur.

À la fin de l’été 1998, Claude Nougaro donne un concert lors du festival de théâtre de Ramatuelle. Il présente ainsi les nouvelles chansons qu’il a enregistré en public quelques semaines plus tôt à Toulouse au bord de la Garonne. Un album live, retraçant cette soirée, sort le 21 septembre. La tournée se prolonge jusqu’en janvier 1999 avec un passage au Palais des Congrès en octobre pour un spectacle très jazz.

À l’issue de cette série de concerts, Nougaro rencontre le jeune arrangeur Yvan Cassar que les stars de la chanson française s’arrachent. Le chanteur lui confie ses textes et mélodies. Pendant six mois, les deux hommes vont se retrouver dans un home studio et concocter ce qui devient « Embarquement immédiat », album de l’an 2000 aux sonorités très jazzy (participation d’un big band comme dans « Jet set ») mais aussi africaines (« Bozambo ») ou celtes, etc. Les chansons légères (« les Bas ») côtoient des chansons graves (« la Vie en noir ») donnant ainsi une image assez fidèle de l’esprit de Nougaro. De son propre aveu, l’artiste livre là les derniers titres originaux de sa carrière.

Tout au long de l’année 2001, les deux hommes entourés d’une équipe de musiciens tournent à travers la France. On les voit entre autres en juin au théâtre des Champs-Élysées à Paris et aux Vieilles Charrues en juillet.

En 2002, Nougaro se consacre au verbe et tourne avec un spectacle « parlé » autour de ses textes qu’il nomme « les Fables de ma Fontaine ». Le spectacle est immortalisé dans un DVD enregistré en mai 2002 aux Bouffes du Nord de Paris. En juin 2003, attendu au 1er festival du Verbe organisé par Dick Annegarn dans la région de Toulouse, le chanteur décline l’invitation pour raisons de santé.

Blue(s)

Son site internet annonce cependant un nouvel album prévu pour mars 2004 sur le label prestigieux « Blue Note ». Il commence l’enregistrement avec son ami le batteur André Ceccarelli mais sa santé se dégrade assez vite au fil des mois. Hospitalisé à Paris début 2004, il demande à retourner à son domicile où il meurt le 4 mars 2004. La nouvelle de sa disparition est source d’une grande émotion à Toulouse. Les témoignages d’artistes ou de personnalités diverses affluent. Une messe est célébrée à Notre-Dame de Paris le 8 mars 2004 et les obsèques du chanteur sont organisées à Toulouse le 10 mars, dans cette ville qui demeure le symbole de sa vie et de son oeuvre. Ses cendres sont dispersées dans la Garonne. 

Le label américain Blue Note sort enfin « La Note bleue », un album très jazz qui contient les derniers enregistrements de Claude Nougaro. Parallèlement, « L’Intégrale studio », un coffret de quatorze CD regroupant 239 chansons, est mis en vente et tente de retracer la carrière de l’artiste depuis ses premiers pas discographiques en 1959 jusqu’aux années 2000.

Ses 5 chansons qui ont fait l’histoire

  • Claude Nougaro en concert. Ci-contre, la partition du Jazz et la java (d'après un thème de Joseph Haydn), déposée à la Sacem. / Phot DDM, Chantal Longo
                                                               Phot DDM, Chantal Longo

En cinquante ans de carrière, Claude Nougaro a écrit, et parfois composé, près de 350 chansons. Mais quinze ans après, moins de dix d’entre elles chantent encore dans la mémoire collective. Faute de les entendre sur les radios, assez avares de diffusion, c’est sur internet, sur les sites de musique, qu’on les retrouve. Le classement qui s’établit sur Deezer, Spotify et Itunes consacre quatre chansons des années 60, et une de la fin des années 80, qu’il n’aimait pas particulièrement…

Sur tous ces sites, comme sur Youtube, le numéro un est «Armstrong». Suivent : «Nougayork», «Toulouse», «Tu verras» et «Le jazz et la java». Les internautes cliquent aussi sur «Le cinéma», «Cécile» ou «A bout de souffle» lorsqu’ils veulent retrouver, ou découvrir le swing, la tendresse et les jongleries de mots de celui qui s’était baptisé «le pygmée occitan» un matin d’autodérision. Ce «hit-parade» dessine en pointillé une géographie tout en rythmes de sa vie, de Toulouse à Paris en passant par New York, le Brésil et l’île de Ré, où il aimait écrire…

Le jazz et la java (1962). 

Java française et jazz américain, Nougaro leur déclame ses deux amours contrariées dans ce texte confié à Marcel Amont, avant de le reprendre à son compte… «Je donne au jazz mes pieds pour marquer son tempo, et je donne à la java mes mains pour le bas de son dos.» En filigrane, apparaît tout l’art de Nougaro, qui a magnifié l’expression française sur les rythmes anglo-saxons. Plébiscitée par le public, la chanson reprise plus tard par Nicole Croisille, Florent Pagny, Sanseverino et Maurane, l’a aussi été par les artistes.

Armstrong (1965). 

C’est par un pape du jazz originaire de Montauban, Hugues Panassié, que le jeune Claude a découvert les chansons de Louis Armstrong à la radio dès les années 40… 25 ans plus tard, sur l’île de Ré, assis dans une voiture américaine, Nougaro lui a écrit cet hommage sur un air de gospel traditionnel, «Go down Moses». L’anecdote rappelée par Laurent Balandras (1), fait penser aujourd’hui à «Greenbook», le film inspiré de l’histoire vraie d’un musicien noir sur les routes du Sud, assis à l’arrière d’une limousine conduite par un blanc…

Toulouse (1967). 

Quand il écrit «Toulouse», Claude Nougaro en est parti depuis longtemps, fuyant le triste quartier des Minimes de ses grands-parents, où il se rêvait danseur. Son premier manuscrit transpirait l’amertume, il l’effacera dans la version définitive qui reprend au refrain le «Ô Toulouse, ô moun païs», d’un air centenaire, la «Toulousaine». Avant d’enregistrer cette chanson hors format radiophonique (plus de 4 minutes, seul France Inter la mettra en avant), Nougaro est descendu à Toulouse pour la chanter de nuit dans les rues. Comme une main amicale, ses mots ont caressé la brique rose. L’hymne était né, il salue toujours les essais du Stade, ensoleille l’attente téléphonique à la mairie, et le refrain nous revient quand l’église Saint-Sernin illumine le soir.

Tu verras (1978).

Marcia, sa belle «Martienne» a ramené du Brésil une chanson de Chico Buarque, «Que Sera». Nougaro, emballé, garde l’air pour en faire une chanson d’excuse, valable pour tous les machos, «Tu verras, tu verras, je ferai plus le con, j’apprendrai ma leçon…», chanson qui sera reprise huit ans plus tard par les Ablettes. Avant la sortie de «Tu verras», Marcia avait donné naissance à Pablo, quatrième enfant de Nougaro. Ironie de l’histoire : l’an dernier, dans l’élection brésilienne, Pablo a été un supporter de Bolsonaro, Chico Buarque un opposant.

Nougayork (1987). 

Snobé par sa maison de disques, Barclay, qui le pousse vers la sortie des artistes, Claude Nougaro, à 58 ans, décolle, au bras d’Hélène, sa nouvelle compagne, pour New York, qui nourrissait depuis longtemps son imaginaire. Un carnet dans la poche, il cherche l’inspiration qui lui viendra au détour d’un bloc, dans une énergie rock qui va le propulser en tête des hits. Ecrite en 10 minutes, «Nougayork» est servie par la guitare du très «Chic» Nile Rodgers (futur magicien de Daft Punk) et vaudra à son auteur deux Victoires de la musique et une nouvelle génération de fans.

3 Comments

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