Ce nom dit ma hargne et ma gouaille

31 mars 2020… Une date gravée à jamais pour Manon Gilbert. Le Covid19 a fait son apparition et Manon Gilbert comme beaucoup d’entre nous se retrouve confinée chez elle à Montreuil en Seine-Saint-Denis.

La jeune fille, alors face à elle-même, se met à écrire ce qui voulait sortir depuis longtemps… “un mix entre un désir profond et un gros délire en pyjama”. Il aura donc fallu une pandémie mondiale pour que Manon comprenne que c’est par la musique qu’elle pourra s’exprimer pleinement. Le 31 mars 2020, une artiste est née. 

Son nom ? Petite gueule !

Entre chanson et rap, entre piano et machines, la jeune Parisienne a refusé de choisir et elle injecte dans sa musique tous les talents dont les fées penchées sur son berceau l’ont gâtée : pianiste accomplie, parolières aux punchlines tranchantes, comédienne à la forte présence, Petite gueule en impose. «Je viens du théâtre et pendant le confinement, je me suis lancée dans l’écriture et l’envie de faire du rap est venue comme cela, de façon naturelle, confie-t-elle. Dans ce temps et cet espace restreints, ce qui était un délire est devenu un projet, puis une aventure de plus en plus intense. J’ai également eu la chance, même si je suis seule sur scène, d’être très bien entourée. » Tom Fire, que l’on a repéré aux côtés de Java, R-Wan ou Winston McAnuff, a apporté aux compositions de Manon, que l’on peut découvrir sur un EP sortir chez Adone et sobrement intitulé « Petite gueule présente… », une direction artistique sûre et des arrangements très efficaces, tandis que le réalisateur Nicolas Guillemot a su « clipper » l’univers singulier de la rappeuse.

« Le nom Petite gueule est le blaze que je me suis donné pendant le confinement : petite avec une grande gueule, ça m’allait bien ! Avec le rap, j’ai trouvé la façon qui correspondait le mieux à ce que j’avais à exprimer. J’aime l’oralité, ce côté terrien, viscéral, hargneux, avec cet aspect rythmique des mots qui me parle beaucoup. » Son talent de pianiste (écoutez « Lâche prise » sur Youtube, vous serez conquis, comme l’a été le jury du concours The Artist, sur France 2, où elle est arrivée deuxième) donne une musicalité autant urbaine qu’organique à ses textes qui déjouent les pièges et codes trop souvent caricaturaux du rap.

Elle a joué dans des groupes de salsa et elle sait que les mots comme les notes doivent claquer, danser, remuer. Inspirée par Oxmo Puccino, Diams, Youssoupha, Gaël Faye ou Ben Mazué, elle slamme, chante et rappe avec une conviction bluffante, qu’elle se remémore un rêve dans lequel elle se voit tomber dans une volée de marches d’escalier ou qu’elle s’apostrophe : « Ne te fais pas si petite / Tu n’es pas si grande ». Petite gueule, mais grand talent, assurément.

« Gronde », 1ER album de Petite Gueule

 

Le titre de ce premier long format signifierait-il que tu hausses le ton sur ce disque ?

En tout cas, il y a quelque chose qui jaillit ; qui sort. Il y a eu une ébullition depuis plusieurs années et là, c’est le moment d’éclater. Il y a du mordant et une fougue dans cet album mais cela ne veut pas dire, pour autant, que c’est beaucoup plus énervé dans le propos.

Le rose présent sur la pochette de ton album indiquerait-il que même si tu fais du Rap/Hip-Hop ; genres plutôt masculins ; il y a toujours une part importante de féminité dans ton projet ?

Oui, tout à fait et c’était hyper important pour moi. Nous avons fait un super travail avec Greg alias RUD’PIXELZ le graphiste ; je suis super heureuse de cette pochette que nous avons déclinée plusieurs couleurs pour les différents formats. Sur cette pochette, il y a ce visage un peu street, ce gronde très urbain et ce rose et comme je trouve qu’en musique, la douceur est toujours importante, je voulais que ça soit visible car la passion n’empêche pas la fragilité.

As-tu réussi assez facilement à te faire une place dans ce milieu ?

Pour l’instant, j’ai un réseau qui se développe énormément en chanson ; ce qui ne me déplaît pas du tout d’ailleurs car j’écoute beaucoup de chanson à texte. Dans le milieu du Rap, j’ai fait quelques featurings, j’ai été invitée au Demi-Festival par Demi Portion et j’y ai senti un engouement de la part du public. Pour le moment, ce n’est pas un réseau que nous avons développé tant que cela mais j’espère qu’on le fera encore plus à l’avenir. J’écoute beaucoup de Rap indépendant et j’aimerais bien me faire une petite place parmi tout ce beau monde aussi.

Quels thèmes abordes-tu sur « Gronde » ?

Il n’y a pas forcément un thème global qui revient dans ces chansons ; chaque titre est assez unique. Sur ce disque, je me suis amusée à aborder des sujets qui me tenaient à cœur. Je parle notamment d’authenticité, des relations entre les gens, des sept pêchés capitaux, de ce qui reste après la mort, de la découverte de ma féminité, de nostalgie…

Qu’est-ce qui te fait gronder au quotidien ?

Les gens qui ne sont pas fiables, l’hypocrisie, quand la communication entre les personnes est mauvaise ; ça me rend dingue. Je trouve que c’est hyper important de se parler et personnellement, je pense que mal le faire, c’est déjà mieux que de ne pas le faire du tout. Evidemment, il y a des sujets plus universels tels que l’injustice, l’inégalité, certains choix du gouvernement parfois…

Dans « Le Jour Où J’Ai Commencé Le Rap », tu cites Youssoupha, Medine et Kery James, une collaboration avec l’un des trois serait-il le « rêve suprême » ?

Carrément ! (rires) Je suis hyper contente car je l’ai envoyée aux trois et j’ai eu une réponse fabuleuse de Youssoupha qui m’a laissé un vocal magnifique pour me dire qu’il avait beaucoup apprécié ma version. Même si nous l’avons réadaptée, je l’ai envoyée aussi au compositeur de la version originale et il l’a adorée également. Avoir ces retours m’a fait me dire que je commençais à être validée dans le Rap Game et j’ai vraiment dansé dans mon salon.

Ton premier album a été annoncé par « J’me Fais Chier Dans Les Soirées », est-ce réellement le cas et pourquoi principalement ?

(Rires) Pas dans toutes les soirées mais dans celles un peu « mondaines » où il faudrait avoir un CV autour du cou. Par ailleurs, je trouve que quand il y a beaucoup de monde, on ne voit personne et cela peut expliquer qu’au départ, je vais me sentir un peu mal à l’aise mais après, je trouve toujours un pote qui est dans le même état que moi et du coup, on va papoter pendant des heures dans la cuisine et on passe une super soirée. Le côté superficiel que peut donner l’alcool dans les soirées me met aussi très mal à l’aise.

Quels sont tes prochains projets ?

Pas mal de dates de concerts …

Il devrait y avoir un nouveau clip d’ici la fin de l’année ainsi que des collaborations…

Je réfléchis déjà à mon second album !

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