Niqolah Seeva, chanteur et créateur d’instruments hybrides, invente une musique atypique aux confins des subtiles musiques d’Orient, d’Inde avec une puissante approche Rock, Jazz et Electro…
Remarqué au festival « Les Escales de Saint-Nazaire » pour ses associations inédites (« Hallelujah », cover de Leonard Cohen au Oud Oriental), il poursuit depuis son chemin hors des sentiers battus tout en fédérant des styles différents.
Niqolah SEEVA porte une identité musicale très singulière, qu’il nomme « new world music », entre les musiques du monde et les musiques actuelles.
Il cherche à mêler intimement les influences, à combiner plein de matières différentes: musiques orientales, arabes, indiennes, et musiques rock, electro ou jazz…
Il y a un croisement de styles, un franchissement de frontières musicales.
Ces mots: « croisements », « frontières ». Ca ramène au voyage, c’est assez évocateur sur une idée politique d’aller au delà des frontières, au delà des limites et au delà des codes.
Sa musique, même si elle est artistique, est un engagement: mélanger des choses qu’on n’a pas souvent l’habitude de mélanger pour la beauté et la richesse des rencontres interculturelles que cela provoque.
Il cherche à symboliser la richesse des rencontres.
 »  On est dans un monde qui a plutôt tendance à diviser, j’ai envie de montrer ce qui nous rassemble.   » 

Musicien explorateur aux inspirations multiples, Niqolah Seeva est constamment en quête d’expériences sonores et de nouvelles vibrations. Avec son instrument inventé en bandoulière (croisement entre un oud et une guitare), il s’est progressivement affranchi de toute forme de contrainte artistique, dans un inexorable exode qui l’a mené du rock’n’roll de ses débuts jusqu’à des territoires aussi divers que le Maghreb, le Moyen-Orient ou encore l’Inde.

Toujours en quête de normes à recréer, l’auteur-compositeur est allé jusqu’à inventer une langue, là aussi hybride entre Orient et Occident (mélange d’anglais et d’arabe), pour décrire un univers fantasmé, comme un idéal de confraternité universelle, mais aussi comme un refuge, à bonne distance des pièges qui menacent habituellement le parcours d’un artiste indépendant dans une exploration des musiques du monde.

Niqolah est un musicien que la soif d’aventures sonores n’a pas noyé dans des approximations ou des compromissions. En plaçant durablement sa création dans le champ du rêve, il donne à voir un univers singulier et intime, fait à la fois de son histoire personnelle et d’influences voyageuses. Ces influences, il les intègre dans une démarche systématique originale, plus proche de celle d’un peintre que de celle d’un photographe – observant la diversité des hommes sans jamais les traiter comme des objets de curiosité, mais bien comme des pairs.

                           

                       Rencontre avec – Niqolah SEEVA –

Si vous voulez bien vous présenter, votre parcours ?

 

Je travaille aujourd’hui sur des instruments de mon invention et des combinaisons de styles peu fréquentes, mais j’ai commencé en tant que chanteur et guitariste dans différent projets de musiques actuelles.

Après mes études musicales universitaires, j’ai découvert au début du 3ême millénaire la richesse des rencontres interculturelles : voyager en partageant la musique avec d’autres musiciens issus d’autres cultures est devenu une passion et un mode de vie. Après avoir plusieurs fois lâché mes oreilles dans les rues de Marrakech, Istanbul ou New Delhi, j’ai fait le choix un jour sec et silencieux de planter mes instruments au Maroc.

Je m’y installe alors et je monte tout d’abord en 2004 le projet « Jazzamazigh » à l’Institut Français de Casablanca, associant le quartet français Stévenin-Desbordes-Secheppet-Le Moullec dont je faisais partie au groupe marocain de Balaid Akkaf (musique berbère).

Et en parallèle, je me plonge  pendant un an dans la culture du pays, j’apprend la langue marocaine, je m’imprègne de la pensée arabe, et je travaille d’arrache-pied le luth arabe « oud » auprès de maîtres de musique orientale tels que Abdelhaq Tikerouine, Zakariya Fahim, Aziz Raoui…

De retour en France,  je m’installe en 2005 à Nantes, et participe à différents projets autour des musiques traditionnelles orientales et des musiques actuelles métissées : je participe à une courte tournée européenne avec Orange Blossom (Electro-World), intégre le projet naissant de l’ex-chanteuse du groupe Leila Bounous, j’accompagne la chanteuse du Sahara Aicha Lebgaä, devient membre du groupe de musique turque Yildiz…

Mais surtout, pour la première fois, je decide de fusionner toutes les influences que j’ai traversé en créant mon propre projet : l’idée artistique est de créer une musique atypique, une approche originale, une identité singulière, à travers des mélanges d’instruments surprenant, afin d’exprimer l’idée forte de la richesse de la rencontre des cultures qui m’ont tant nourri dans mon parcours personnel.

 

Vous avez donc créé un instrument hybride que vous avez nommé

l’ Electr°ood , pouvez-vous nous en dire plus ?

 

L’ELECTR°OOD est en réalité le deuxième instrument hybride de mon invention.

J’ai tout d’abord créé en 2013, conjointement avec  les luthiers Jean-Yves Leray (Nantes) et Abdellah Mourid (Casablanca), un instrument acoustique unique, la « Guit°arabia », mi-guitare mi-oud, dont les notes additionnelles permettent de jouer les gammes orientales en quarts de ton, mais aussi les accords du système musical occidental.

Elle deviendra en 2020 l’objet de mon album 3NE. Puis, souhaitant aller encore plus loin dans la recherche de texture sonore et de traitement d’effets,  je réalise en 2023 l’ « Electr°ood » avec DasViken, luthier officiel du Hellfest, qui deviendra la version électrico-electronique de ma précédente Guit°arabia dont il est le petit frère, et ouvrant aujourd’hui de nouvelles portes de création dans mon futur imaginaire.

 
 

Et d’où vous vient cette passion et cette attirance pour cet instrument en particulier ?

 
En vérité, je joue de beaucoup d’instruments (guitare, oud, saz, derbouka, drum pad…) et je les aime tous. Mais dans ma création, je cherche à développer l’idée d’enrichissement intercultureL
Ce credo artistique, renforcé par les divisions du monde actuel que l’on connaît, m’amène aujourd’hui à vouloir aller plus loin.
L’invention de la Guit°arabia et de l’Electr°ood, instruments résumant a eux seuls la richesse du métissage, sont aussi à prendre comme symboles de cette posture philosophique, au delà de leurs seuls intérêts musicaux.

Cette fusion symbolise la façon dont je rêve ce monde qu’est le notre : chaque partie du corps de l’instrument hybtride enrichissant l’autre par sa différence et sa complémentarité, à l’instar de ces 2 luthiers-créateurs issus de cultures éloignées collaborant sur le même instrument.

 

C’est une volonté de votre part de vouloir développer cet instrument et de le faire connaître en le posant sur divers styles dans lesquels on ne l’attend pas forcément ?

 
C’est plus fort que moi, pour chaque domaine de mon existence, ma façon de parler, de vivre, de rencontrer, de voyager, je réfléchis quasiment toujours dans l’optique de faire différemment.
Mais nous vivons dans une société hypocrite, qui valorise la créativité, mais montre du doigt ceux qui ne rentrent pas le moule. Ça s’appelle la pression normative : Tant que ton originalité n’est pas approuvée et validée par une majorité de personnes, on te reprochera de ne pas faire comme tous le monde.
C’est pour ça que j’ai choisi la scène, car à cet endroit, même s’il s’agit toujours d’un fragile jeu d’équilibriste entre expérimentations et conventions pour communiquer avec l’auditeur, je peux tout de même plus facilement disgresser, être différent et surprendre avec des associations de concepts inédites
 
 

Pourquoi le choix de chanter dans cette langue ?

 
Je chante dans une langue hybride inventée, une sorte d’anglarabe que j’ai nommé « 3enqlich », car l’anglais et l’arabe sont les deux langues en dehors de ma langue maternelle que j’ai appris à parler et à chanter.
Le concept vient de la même idée, celle de rassembler des éléments inhabituels, en prolongeant l’hybridation instrumentale par l’hybridation linguistique, pour donner de la densité et de la cohérence à mon travail. J’applique d’ailleurs cette même recherche à mes costumes, à mes supports visuels…
De plus, j’aime projeter le contexte de mes textes dans un futur fantasmé, à l’inverse de la dystopie. 
J’ai donc choisi la date de 2075, ce qui me permet de parler de ce dont je rêve pour notre avenir, de ce qui nous semble souhaitable…

 

Votre actu, vos projets ?

 
Avec ce deuxiême instrument inventé, je prépare la suite avec un nouvel album, un nouvel univers musical, une nouvelle langue…mais je n’en dis pas plus, je vous tiendrais au courant de la sortie !
 
 

Portrait chinois : si vous étiez ?

 
– un son
Un bruit blanc (un son regroupant toutes les fréquences possibles, productible synthétiquement, et s’approchant du son d’une cascade car le son global est la somme du son de chaque molécule d’eau s’entrechoquant)
– un instrument
J’aimerais beaucoup être le premier instrument historique. Les archéologues acousticiens (une discipline qui me fascine) estiment qu’avant même l’invention des flûtes en os, les cavernes elles-mêmes peuvent être considérée comme premier instrument de l’histoire, en résonnant des voix de nos ancêtres et de percussions attestées sur stalagmites lors de rituels primitifs et artistiques, pendant
lesquels danse, musique et peinture étaient certainement encore indissociés, signant ainsi l’aube de l’humanité qui aquiert alors la conscience d’elle-même par cette pensée symbolique naissante.
 – un clip
« Sound is color » de Arj Røhenson : sorti en 2053, le clip utilise pour la première fois la synesthésie (ou simultanéité des sens) comme nouveau concept de média multi-sensoriel. 
– un morceau
« Color is sound » : le remix du précédent morceau, utilisant cette fois la matérialisation cellulaire des ondes sonores, ouvrant ainsi la porte à ce qui deviendra la norme au 3eme millénaire du son devenu matière. 
– un personnage 
Arj Røhenson, artiste influent de la 2eme moitié du XXIeme siècle, né en 2032, célèbre pour avoir ré-associé les différentes disciplines artistiques primitives danse, musique et art visuel..
 

Le mot de l’artiste :

 
Rêver c’est créer. Créer c’est faire exister.
Choisis bien tes rêves. Ils sont là pour exister.
 

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Niqolah SEEVA a révélé un deuxième instrument hybride de son invention, mi-guitare mi-oud, nommé « l’Electr°ood », version électrico-tronique de sa précédente Guit°arabia, et réalisé en 2023 par Gildas DasViken, luthier officiel du Hellfest

En parallèle, expérimentant une nouvelle fois une forme atypique de fusion interculturelle, il rend hommage à Soundgarden, mythique groupe grunge de Seattle des années 90, adapté au oud oriental avec sa touche très personnelle, dans un clip réalisé par lui-même sur les traces de son enfance.