Lorsque votre père fracasse votre enfance, toute une vie ne suffit pas à vous reconstruire. Les chansons de Barbara racontent sa vie, suintent l’émotion. et font partie de notre culture musicale JUKEBOX vous fait parcourir quelques moments de la vie de Barbara.
JUKEBOX : Le podcats qui fait bavarder la musique
( Cliquez pour écouter )
BARBARA – NANTES – YOUTUBE
Sortir ces histoires des méandres de l’oubli me passionne.
Les chansons racontent l’histoire, parfois compliquées, de leurs auteurs, notre histoire collective, celle de l’humanité.
La grande Histoire et la petite s’y mêlent.
Les chansons donnent la parole à ceux qui ne l’ont pas ou plus.
Elles parlent de lutte, d’amour, de douleur, d’espoir, elle racontent la vie, notre vie,
Une chanson, c’est d’abord une alchimie magique entre un texte et une mélodie, mais c’est aussi une passerelle entre les générations, elles se transmettent parce qu’elles sont attachées au passé et tournées vers l’avenir.
JUKEBOX : Le podcast qui fait bavarder la musique
Imaginé et réalisé par Maria Canel Ferreiro et Sami Randazzo
- Orateur #0
Jukebox, l’émission qui fait bavarder la musique…. de mon art et du rôle de l’écrivain.
- Orateur #1
Jukebox ! … plus sur Nantes, donne-moi… Le ciel de Nantes rend mon cœur chagrin. En 1941,
- Orateur #0
alors que la famille de Barbara vit à Tarbes et qu’elle n’a que dix ans et demi, son père abuse d’elle pour la première fois. Un soir à Tarbes, mon univers bascule dans l’horreur écrira-t-elle dans ses mémoires inachevées. Tarbes, la ville où jamais Barbara ne chantera ni ne se produira. En décembre 1959, un appel téléphonique apprend à Barbara que son père, l’abuseur, qui a abandonné sa famille sans un mot une décennie auparavant pour aller vivre à Nantes et mourant à l’hôpital Saint-Jacques où il a été hospitalisé à cause d’une tumeur cérébrale. Rongé par cette maladie et par la honte pour ce qu’il a infligé à sa fille, son père a sombré dans la dépression et l’alcool. Marginal et solitaire, il vivait de petits boulots et finissait ses soirées dans d’interminables parties de poker. Barbara part précipitamment pour Nantes, mais elle arrive trop tard. Les retrouvailles avec ce père dont personne n’avait de nouvelles depuis dix ans auront lieu à la morgue. Elle écrit dans ses mémoires Je m’en veux d’être arrivée trop tard. J’oublie tout le mal qu’il m’a fait et mon plus grand désespoir sera de ne pas avoir pu dire à ce père que j’ai tant détesté. Je te pardonne. Tu peux dormir tranquille, je m’en suis sortie puisque je chante. Elle enterre son père le 24 décembre dans une fosse commune du cimetière Miséricorde. Elle n’a pas les moyens et peut-être pas l’envie non plus de lui offrir une autre sépulture. Le lendemain, elle commence l’écriture de Nantes. chanson la mort de son père a débloqué son talent d’écriture nantes la chanson du deuil et du pardon qu’elle mettra près de quatre ans à écrire et qu’elle ne terminera que quelques heures avant de monter sur la scène du théâtre des capucines en novembre 1963, où elle chante cette chanson pour la première fois. Plusieurs des chansons de Barbara racontent cet inceste dont elle n’a jamais pu parler qu’à demi-mot. Demi-mot qu’elle glisse dans ses chansons. Nantes en 1964, mais aussi l’église de la France. noire en
- Orateur #1
1970 son bain il a tout il a glissé son temps et alors que je leur ai servi sans plus passer
- Orateur #0
En décembre 1966, Barbara se produit à Bobineau où elle interprète la chanson Au cœur de la nuit pour la toute dernière fois. Plus jamais elle n’inscrira ce titre à son tour de chant. Quatre ans avant l’aigle noir, elle y évoque déjà un bruissement d’ailes qui effleure son visage, évoque sans le nommer la mort de son père et le pardon, pour qu’enfin tu puisses dormir, pour qu’enfin ton cœur repose, que tu finisses de mourir sous tes paupières déjà closes. Mais en 1966…
- Orateur #1
Dans une demi-somnolence…
- Orateur #0
Barbara était une grande insomniaque. Comment faire confiance à la nuit après ce qu’elle avait vécu ? Comment s’abandonner à l’obscurité ? Elle abusera à son tour tant et si bien des somnifères qu’au petit matin du 5 juin 1974, les pompiers de Meaux découvrent Barbara inanimée à son domicile. Elle est conduite en urgence à l’hôpital dans le commun. Plus tard, elle relâtera l’événement en expliquant que, n’arrivant pas à trouver le sommeil, elle a absorbé les cachets qu’elle avait sous la main, puis, oubliant qu’elle en avait déjà pris, renouvela la prise. Elle dira au cours d’une interview Je n’ai pas voulu mourir, j’ai voulu dormir. Si j’avais voulu me suicider, je n’aurais pas fait de tentative, j’aurais réussi. De cet événement, Barbara fera ce qu’elle sait faire. Elle composera une chanson, Les Insomnies. Mi-tragique, mi-comique, elle y raconte cette fameuse nuit de juin 1974.
- Orateur #1
Avoir tant de gens qui dorment et s’endorment à la nuit, je finirais, c’est fatal, par pouvoir m’endormir aussi. À part tant de yeux qui se ferment, coucherai dans leur lit. Je finirai par comprendre qu’il faut que je m’endorme aussi. J’en ai connu des grands, des beaux, des bien bâtis, des gentils. Qui venaient pour me bercer et combattre mes insomnies. Mais au matin, je les retrouvais endormis dans mon lit. Pendant que je veillais seule en combattant mes insomnies.
- Orateur #0
Usés par les stimulants, les médicaments pris en dose massive pour calmer ses angoisses ou les corticoïdes, pour soigner ses cordes vocales. Barbara s’éteindra le 24 novembre 1997 des suites d’un choc toxique infectieux foudroyant. Elle meurt à l’hôpital américain de Neuilly-sur-Seine à l’âge de 67 ans. Elle est enterrée trois jours plus tard dans le carré juif du cimetière de Bagneux. Elle repose dans le caveau familial de la famille Brodsky auprès de sa grand-mère. La chanteuse meurt sans descendance et la page 31 de ses mémoires posthumes nous explique peut-être pourquoi. Les enfants se taisent parce qu’on refuse de les croire, parce qu’on les soupçonne d’affabuler, parce qu’ils ont honte et qu’ils se sentent coupables, parce qu’ils ont peur, parce qu’ils se croient seuls au monde avec leurs terribles secrets. Il m’a fallu un sacré… goût de vivre, une sacrée envie d’être heureuse, une sacrée volonté d’atteindre le plaisir dans les bras d’un homme pour me sentir un jour purifiée de tout, longtemps après.
- Orateur #1
25 rue de la Grange au Loup Mais de vite il y a peu d’espoir Il a demandé à vous voir
- Orateur #0
La rue de la Grange au Loup, mentionnée par Barbara dans la chanson Nantes comme étant le lieu de décès de son père, est un lieu qu’elle a inventé pour les besoins de la chanson. Cette rue sera pourtant créée une vingtaine d’années plus tard et inaugurée en mars 1986 en présence de la chanteuse tout près du dernier domicile de son père…. Quatorze ans plus tard, en décembre 2000, l’allée Barbara est inaugurée non loin de là, où l’on y trouve un buste et une fresque évoquant l’artiste. Brel disait de Barbara C’est une fille bien, elle a un grain,
- Orateur #1
mais un beau grain
- Orateur #0
Vous n’écouterez plus jamais ces chansons de la même manière à présent. Abonnez-vous à ma chaîne sur votre plateforme d’écoute préférée. Activez les notifications pour ne louper aucun épisode. Et rejoignez-moi sur Facebook. Mon profil porte mon nom, Maria Canel Ferrero. Je vous embrasse et à tout bientôt sur Jukebox. Je me fais de mon art et du rôle de l’écrivain.
- Orateur #1
Jukebox !